Diane Bellier

Présentation

L'onirisme fauve de Diane Bellier

L'univers de Diane Bellier est marqué par la fantaisie, la rêverie et l'imagination, mais pas à la manière du surréalisme classique, avec ses automatismes psychiques et autres méthodologies. Dans son cas, il s'agit de réalités parallèles construites à partir d'une notion de contemporanéité, où les couleurs néon, les téléphones portables, les voitures décapotables et autres artefacts de notre ère technologique et "avancée" se mêlent organiquement à la nature traditionnelle (tant la flore que la faune). Des personnages à l'identité animale endossent des rôles humanoïdes qui les placent à la table d'un parking ou les rendent dignes de fleurs.

Dans cette exposition, Diane nous place devant une explosion totale de couleurs, qui la déclare (une fois de plus) héritière du fauvisme le plus strident et le plus rupturiste. Cependant, la façon dont elle combine des éléments figuratifs, tels que des personnages ou des animaux, avec la géométrie abstraite de paysages de fond basés sur des aplats de couleur, nous laisse un délicieux goût de contrariété, un plaisir né du dérangement, de la complaisance avec l'anachronisme.

L'artiste se livre à un jeu de formes, elle se complaît dans l'esthétique du naïf, elle flirte avec la perspective au point de nous dérouter, et les situations qu'elle recrée semblent tirées de l'onirisme des rêves. Les êtres ou les muses qui font partie d'elle se transfigurent dans une œuvre débordante de significations, de parcours, de personnages et d'histoires, une proposition qui mérite d'être évaluée à la lumière de l'histoire de l'art de cette époque post-contemporaine.

Il y a une aura d'insouciance dans le travail de Diane Bellier, une force de défi, une recherche curieuse (mais calme) de langages qui condensent le discours qu'elle souhaite transmettre. C'est pourquoi elle utilise la photographie, le dessin, la peinture et la vidéo-création pour capturer les muses qui l'assistent. Des éléments typiques du registre du subconscient, tels que les paysages imaginaires, les rêves, le mysticisme et le devenir, révèlent une artiste contemporaine dans un soliloque auquel elle nous permet de participer.


Dans ce voyage expérimental, plein d'exploration et de découverte, il y a une alternance constante des forces, où des paires apparemment opposées ou dichotomiques s'embrassent d'une manière subtile et organique. Ainsi, le figuratif et l'abstrait flirtent malicieusement, dans un espace visuel où les images aux références tirées de la réalité sont brouillées en taches de couleur qui construisent des zones de contraste et des formes abstraites.


Le chromatisme dans l'œuvre de cette artiste a une sauvagerie séduisante, une stridence (fauviste si l'on veut) qui confronte les couleurs complémentaires et les pièges à distance. Les sujets sont multiples : regards sur la mode, la culture pop ; l'intimité d'un mantra ou d'une étreinte entrelacée ; l'immensité de la nature ; des thèmes bibliques comme la Genèse ; parmi beaucoup d'autres. Les références connues sont alors un prétexte pour capter l'attention du spectateur et le conquérir par la particularité de sa poétique qui, même si elle propose beaucoup, contient une sensibilité solide et unique.

Textes écrits par Dayma Crespo Zaporta / Curatrice et Critique d'art